LA CONDESCENDANCE – UNE VERTU DÉMODÉE

Comme l'indique l'étymologie du mot condescendre, c'est descendre volontiers, ce qui veut dire s'ajuster à la manière de voir et à la volonté d'autrui, c'est céder son droit au bénéfice de l'autre, et presque toujours faire preuve d'abnégation ! Or tout cela semble diamétralement opposé à notre nature souvent hautaine, dominatrice et impérieuse : commander nous séduit, obéir nous répugne ou nous révolte ! Le «je veux » ne dirige-t-il pas toute notre existence, nos rapports quotidiens, nos relations sociales, n'est-il pas le pivot sur lequel tourne notre individualité ? Dès lors, nous comprenons mieux ce que vaut et ce que nous coûte un acte de condescendance. Certes nous ne parlons pas ici de céder en tout et en toutes circonstances, si minimes fussent-elles, lorsque la conscience est heurtée, mais bien de condescendance qui apporte la charité, l'humilité, le parfum de la douceur, le fruit suave de l'abnégation et la source de la paix.

En effet, cette vertu de condescendance sied parfaitement à un disciple du Christ, à un Garde d'honneur surtout. Milles occasions se présentent à nous chaque jour : un tel veut ceci... tient à cette place... soutient telle opinion... préfère tel objet... Et bien cédons, condescendons, même lorsque cela nous contrarie ! Par là, nous éviterons les contestations, les froissements et nous serons des artisans de paix !

L'âme condescendante est facile et agréable, elle édifie en même temps qu'elle se perfectionne par l'abnégation incessante qu'elle pratique. Dieu la contemple et la bénit. Par cette délicate attitude, elle acquiert autant d'emprise sur les autres qu'elle en exerce sur elle-même, sa récompense est déjà entre ses mains. Mais avant toute chose, en exerçant cette bienveillance envers son prochain, aux désirs de ceux qui l'entourent, c'est à Notre Seigneur Lui-même que nous daignons condescendre et par là, nous imitons le procédé de son très doux et très humble Cœur qui s'est abaissé pour chacun de nous, et s'est abaissé jusqu'à la mort sur la Croix.

Sœur Marie du Sacré-Cœur Bernaud